Michel François: Une Exposition Universelle (section documentaire), Biennale de Louvain-la-Neuve and Musee de Louvain-la-Neuve, Belgium 18 September - 17 November, 2013

J'ai observé toutes les oeuvres qui s’accomplissent sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent. (L’Ecclésiaste)

Dans le puits central du Musée de Louvain-la-Neuve, une installation associera entre six et dix groupes de « vanités ». Ces groupes sont issus des réserves du musée ainsi que des collections scientifiques de l’UCL. Constitués d’artefacts ou objets pédagogiques, ces objets sont présentés au public avec leur dispositif de protection ou de stockage de manière identique (ou similaire) à leur mode de stockage en réserve. Il ne s’agit pas de déplacer une réserve entière, ou de reproduire exactement leur mode de stockage. Pour des raisons pratiques et artistiques, certains groupes nécessiteront des adaptations.


Avec ce projet, le désir des commissaires de la Biennale est de rendre visible la trace des gestes protecteurs de la pensée patrimoniale. Il s’agit d’en révéler la poésie invisible, en évoquant par là même les représentations de vanités ainsi que la poétique de la ruine dans l’histoire de l’art, de la peinture flamande du 16e, au style architectural des années 1980, en passant par les romantiques. Montrer ces artefacts avec leur habitat de conservation, c’est comme mettre en lumière leur état de double mort. Vanité du savoir, de la prospérité, de la connaissance universelle, ces "memento mori" proposent une expérience contemplative et intellectuelle riche pour le public.


Dans le parcours de la Biennale, le Musée de Louvain-la-Neuve proposera une exposition temporaire didactique qui présentera quelques méthodes d’analyses scientifiques appliquées aux oeuvres d’art et livrera au public certaines interrogations qui guident les actions des chercheurs au musée. Tout le long du parcours, des exemples concrets permettront aux visiteurs de comprendre le but des examens et ainsi de pénétrer de plus en plus profondément dans les secrets des oeuvres d’art.

Le chercheur pose en effet un regard sur l’oeuvre et l’analyse. Il cherche à savoir, à comprendre, à voir au-delà de l’image et à voir dans l’au-delà de l’Image. Il invente des méthodes pour voir à travers l’oeuvre. Il développe des systèmes rigoureux d’observation des objets pour interpréter les composants, pour tenter d’arrêter les affres du temps, pour connaître l’oeuvre dans toute sa profondeur. Il rend son savoir concret et perceptible en produisant de la documentation. 

Les oeuvres sont éphémères mais le musée a le souci de les rendre éternelles pour les sauver et les transmettre aux générations futures. Dans la connaissance, il y a pourtant quelque chose qui s’apparente à la mort. Le savoir fige les choses dans un concept, les conçoit comme non-être, les immobilise…

Comment des documents, fruits d’observation et d’analyses scientifiques modifient notre perception, notre compréhension et notre appréhension de l’oeuvre ? L’essence de l’oeuvre est-elle dans le regard que nous lui portons ? L’analyse scientifique de l’oeuvre d’art crée-t-elle une nouvelle esthétique ?

Certes, le temps passe, le chercheur sait qu’il ne peut l’arrêter et que chaque oeuvre a sa part de mystère. Comment, par le développement de méthodes de plus en plus précises, le chercheur réussit peu à peu à percer l’essence même de la matière ?

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